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Lors de
cette
conférence sur l’évolution de
la langue grecque,
voir
ici
le texte original
grec,
après l’introduction, j'avais
tout d'abord
abordé
le thème des
écritures linaires A et B
avant de m'étaler sur les autres sujets. tels que les dialectes
anciens, la koiné alexandrine, les dialectes néo-grecs qui en sont issus etc.. en me basant
sur certains documents concernant l’histoire de la langue grecque
provenant
du
ΕΛΙΑ
qui est le Centre d’Archives Historiques du pays et d’autres sources tout
aussi importantes qui m’ont servi de support.
Les écritures linéaires
En ce qui concerne l’écriture grecque, selon
certains indices, il semblerait que le linaire B soit une évolution du
linéaire A. L’adaptation du linaire A vers le linaire B se serait
produite au XV siècle avant JC par des habitants de Cnossos.
Le linaire B aurait été ensuite transférée en Grèce
Continentale comme cela est attesté par des plaquettes retrouvées après la
destruction du Palais de Cnossos au XIV siècle avant JC.
Durant plusieurs siècles, écritures linaires et
système alphabétique ont coexisté, ce n’est qu’à partir du XIII siècle avant
JC que l’alphabet est définitivement adopté pour l’écriture du grec. Le
système alphabétique aura des répercutions cosmo historique pour l’évolution
de langue et influencera plus tard l’ensemble des alphabets européens.
Au XVIII siècle avant JC la langue grecque comporte
une grande variété de dialectes. Le premier alphabet grec a quelques
différenciations selon les dialectes régionaux. Il comportait des lettres qui
ont disparu plus tard comme le digamma qui correspond au F de l’alphabet
latin et devait se prononçait VE.
Lorsqu’au départ les Grecs utilisèrent l’alphabet,
ils adoptèrent différentes directions d’écriture (il a été retrouvé des
écritures dans n'importe quel ordre). Cependant dans les textes plus approfondis
l’écriture ressemblait au labourage d’un bœuf qui arrivant au bout du champ
fait demi-tour pour ouvrir le prochain sillon. C’est la raison pour laquelle
cette écriture fut nommée boustrophédon.
L’écriture alphabétique grecque était au départ
uniquement en caractères majuscules et sans accents
ni esprits.
Durant les premiers siècles Chrétiens où le désir
des écrivains d’écrire plus vite ainsi que le besoin de contenir plus
d’informations ont entraîné peu à peu à la formation de lettres qui
aujourd’hui nous nommons minuscules. Cette transformation de l’écriture en
majuscules vers une écriture en minuscules était achevée au IX siècle.
Dialecte
arcado-chypriote
Dans la famille des dialectes anciens, il existe la
branche arcado-chypriote que l’on nomme aussi Notia Akhaïki. Ce dialecte
était parlé en Arcadie et à Chypre malgré la grande distance qui sépare ces
deux régions. On y retrouve beaucoup de similitude avec le grec Minoen tel
qu’on le connaît d’après les plaquettes de linéaire B ce qui conduit à la
conclusion que ce dialecte est descendant direct.
Pausanias dans Tour de Grèce VIII 2 rapporte
qu’après la destruction de Troie, les Arcadiens débarquèrent à Chypre et
fondèrent la ville de Papho. La colonisation de Chypre a dû avoir lieu avant
le XI siècle avant JC.
Par la suite à cause de l’effondrement du monde
Mycénien provoquée des catastrophes successives dû à des séismes de grande
envergure, les communications furent coupées et le Chypriote évolua
séparément de l’arcadien.
Parmi les caractéristiques de l’arcado-chypriote on
a la conservation du F (digamma), la terminaison du participe en
μινος
au lieu de l’Attique
μένος.
La préposition
πος
à la place de l’Attique
προς
et bien d’autres
Dialecte
Aiolien
Le dialecte Aiolien se parlait dans les régions de
Thessalie, de Béotie, de Lesbos. et sur la côte d’Asie Mineure. Etant donné
qu’il n’y avait pas d’état Aiolien uni. il n’y avait unité ni culturelle, ni
linguistique
Les dialectes du Nord-ouest
Les dialectes du Nord-ouuest se parlaient en Epire,
en Acarnanie, A Phocida. Dans ce groupe on compte aussi l’héliaki au
nord-ouest du Péloponnèse. Il s’agit d’un dialecte entre le dorique et ceux
du nord-ouest.
Ce groupe dialectique a quelques caractéristiques
avec le dorien comme le maintien du digamma F, le
α
ils disent αμεράν
au lieu de l’Attique
ημερών.
Spécialement les Phocidiens ont des terminaisons en –εν
au lieu–ειν
et d’autres caractéristiques.
Voici plutôt une phrase inscrite à Delphes
Τον
(Vinon) Fοίνον
μέ
φάρεν
ές
τού
δρόμου
Ne pas retirer le vin du Stade.
En grec Attique, on dirait
Ο οίνος να μην αφαιρείτε από το στάδιο
Dialecte
Dorien
Le dialecte dorien était parlé dans le Péloponnèse
dans les régions de (Laconie, Messénie, Argolide, Corinthe, Akhaia) à
Mégara, en Crète, à Milos, Thyra (Santorin), Kos, Rhodes, dans les îles du
Sud-est de l’Egée et sur la cote d’Asie Mineure, dans les colonies doriennes
du sud de l’Italie, en Sicile, dans les îles de la mer Ionienne et au
Bosphore.
Une des principales caractéristiques du dorien sont
les archaïsmes c'est-à-dire la conservation de formes qui avaient disparu du
dialecte Attique.
On voit par exemple la conservation du F
(digamma) on
rencontrera le terme Fοίκος
au lieu de οίκος
(maison). Cependant dans les textes littéraires doriques dès la période
hellénistique on voit la suppression de cette lettre.
Parmi les autres caractéristiques on a l’ajout du
–κ
à l’aoriste et au futur des verbes qui se terminent en –ίζω
ou άζω
et bien d’autres
Aujourd’hui le dialecte Tsokonien qui appartient à
la zone dorique se parle encore dans quelques villages d’Arcadie et
d’Argolide que l’on appelle Tskonokhoria, il s’agit d’un dialecte qui est en
danger de disparition.
Dialecte
Macédonien
Déjà Esiode dans l’antiquité disait que les
Macédoniens étaient frères de Magnete (il existe une région que l’on
nomme Magnésie en grec
Μαγνησία
(Magnésia) et qui se trouve au sud-est de la Thessalie)
alors qu’Hérodote identifiait les Macédoniens aux Doriens par la citation “Δωρικών
τε
και
Μακεδνός
έθνος”
Le siècle passé il y avait eu un certain nombre de
discussions pas toujours basées sur des preuves scientifiques disant le
macédonien antique était une langue différente du grec. Ce doute était
soutenu par le manque de matériel dialectique. Les épigraphies macédoniennes
étaient toutes gravées en dialecte attique. Les recherches archéologiques en
Macédoine de ces dernières années ont mis en évidence des textes
dialectiques dont le plus complet est celui du (Katadesmos tis Pellas)
il s’agit d’un texte d’anathème et magie rédigé par
une femme ayant un faible niveau intellectuel. Ce qui est important dans ce
texte datant du IV siècle avant JC comme cela est attesté par les chercheurs
d’Oxford est que le dialecte utilisé prouve que le Macédonien antique était
bien un dialecte grec.
Voici le texte du Katadesmos tis Pellas (La
cathare de Pella)
1.
[ΘΕΤΙ]ΜΑΣ ΚΑΙ
ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΟΣ ΤΟ ΤΕΛΟΣ ΚΑΙ ΤΟΝ ΓΑΜΟΝ ΚΑΤΑΓΡΑΦΩ ΚΑΙ ΤΑΝ ΑΛΛΑΝ ΠΑΣΑΝ ΓΥ
2. [ΝΑΙΚ]ΩΝ ΚΑΙ ΧΗΡΑΝ ΚΑΙ ΠΑΡΘΕΝΩΝ ΜΑΛΙΣΤΑ ΔΕ
ΘΕΤΙΜΑΣ ΚΑΙ ΠΑΡΚΑΤΤΙΘΕΜΑΙ ΜΑΚΡΩΝΙ ΚΑΙ
3. [ΤΟΙΣ] ΔΑΙΜΟΣΙ ΚΑΙ ΟΠΟΚΑ ΕΓΟ ΤΑΥΤΑ ΔΙΕΛΕΞΑΙΜΙ ΚΑΙ
ΑΝΑΓΝΟΙΗΝ ΠΑΛLΙΝ ΑΝΟΡΟΞΑΣΑ
4. [ΤΟΚΑ] ΓΑΜΑΙ ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΑ ΠΡΟΤΕΡΟΝ ΔΕ ΜΗ ΜΗ ΓΑΡ
ΛΑΒΟΙ ΑΛΛΑΝ ΓΥΝΑΙΚΑ ΑΛΛ Η ΕΜΕ
5. [ΕΜΕ Δ]Ε ΣΥΝΚΑΤΑΓΗΡΑΣΑΙ ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΙ ΚΑΙ ΜΗΔΕΜΙΑΝ
ΑΛΛΑΝ ΙΚΕΤΙΣ ΥΜΩΝ ΓΙΝΟ
6. [ΜΑΙ ΦΙΛ]ΑΝ ΟΙΚΤΙΡΕΤΕ ΔΑΙΜΟΝΕΣ ΦΙΛ[Ο]Ι
ΔΑΓΙΝΑΓΑΡΙΜΕ ΦΙΛΩΝ ΠΑΝΤΩΝ ΚΑΙ ΕΡΗΜΑ ΑΛΛΑ
7. [....]Α ΦΥΛΑΣΣΕΤΕ ΕΜΙΝ Ο[Π]ΩΣ ΜΗ ΓΙΝΕΤΑΙ ΤΑ[Υ]ΤΑ
ΚΑΙ ΚΑΚΑ ΚΑΚΩΣ ΘΕΤΙΜΑ ΑΠΟΛΗΤΑΙ
8. [....]ΑΛ[-].ΥΝΜ .. ΕΣΠΛΗΝ ΕΜΟΣ ΕΜΕ ΔΕ [Ε]Υ[Δ]ΑΙΜΟΝΑ
ΚΑΙ ΜΑΚΑΡΙΑΝ ΓΕΝΕΣΤΑΙ
9.
[-]ΤΟ[.].[-].[..]..Ε.Ε.Ω[?]Α.[.]Ε..ΜΕΓΕ
[-]
Sa transcription en grec moderne
1.
Για τον γάμο της [Θετί]μας
και του Διονυσοφώντα γράφω την κατάρα, και για όλες τις άλλες γυ
2. [ναίκ]ες, χήρες και παρθένες, άλλα για την Θετίμα
περισσότερο, και αναθέτω στον Μάκρωνα και
3. [τους] δαίμονες ότι μόνον όταν ξεθάψω και
ξετυλίξω και ξαναδιαβάσω
4. [τότε] τότε να παντρευτούν τον Διονυσοφώντα και
όχι πριν και είθε να μην παντρευτεί άλλη γυναίκα, παρά μόνον εμένα
5. και είθε να γεράσω με τον Διονυσοφώντα και
κανέναν άλλο. Ικέτιδά σου είμαι:
6. δείξτε ευσπλαχνία στην [ευνοούμενή] σας,
αγαπημένοι δαίμονες, την Δαγίνα (), γιατί με εγκατέλειψαν όλοι οι αγαπημένοι
μου
7. παρακαλώ φυλάξτε με αυτά να μη συμβούν και με
τρόπο κακό να χαθεί η Θετίμα
8. και σε μένα δώστε ευδαιμονία και μακαριότητα.
Voici la
traduction en français
que j'ai effectué sur
cet anathème
1. C'est
au sujet du mariage de Thétima et de
Dionysophondas que j’écris cet anathème ainsi que contre toutes les autres
2. femmes, veuves et chastes filles mais plus
particulièrement contre Thétima, j’attribue à Makrona et
3. à tous les démons que seulement lorsque j’aurai
déterré, déroulé et relu
4. alors qu’ils marient Dionysophondas mais pas
avant que la femme qu’il épousera soit moi.
5. Qu’il en soit ainsi ! Que je vieillisse avec
Dionysophondas et avec personne d’autre, je suis celle qui te supplie
6. donnez-moi votre bienfaisance mes chers démons,
la (Dagina) parce que mes bien-aimés m’ont abandonné.
7. Je vous supplie de me protéger et que cela ne se
déroule jamais et que Thétima périsse d’une mauvaise mort
8.
Quant à moi donnez-moi
béatitude et ravissement
Dialecte
Ionien
Le dialecte Ionien se parlait à Eubée, dans les
Cyclades et sur la côte centrale d’Asie Mineure. Le dialecte Ionien a très
tôt été influencé par le dialecte attique. A partir du V siècle avant JC ont
voit l’apparition d’éléments attique dans le ionien et à partir du IV siècle
avant JC les épigraphies des régions ioniennes sont en dialecte attique
Dialecte Attique
Le dialecte attique est celui qui évoluera pour
devenir finalement l’organe central de la langue grecque. Il s’est lié
étroitement avec le ionien aussi certains pensent que pendant la période
mycénienne ces deux dialectes devaient appartenir à la même branche
dialectique qui se serait scindée plus tard.
A la fin du VI siècle avant JC Athènes se dote d’un
régime démocratique après les guerres avec les Perses et même temps se
trouve en plein épanouissement dans le domaine des arts et des lettres aussi
le dialecte attique va s’étendre dans les autres régions hellénophones. Au V
siècle avant JC le dialecte attique devient le dialecte officiel en
Macédoine où on y parlait un dialecte apparenté au dorien et au thessalien.
Ce dernier évènement jouera un rôle décisif pour la prédominance de
l’attique comme on le verra plus tard avec les conquêtes d’Alexandre le
Grand
Littérature
dialectique
Avant de passer à la koinè attique, je parlerai
brièvement de la littérature dialectique car c’est un sujet immense qui
mérite à lui seul une autre conférence.
Comme on vient de le voir, la langue grecque
possédait une grande variété de dialectes et ne s’écrivait pas dans une
seule langue unifiée, même pas dans le dialecte de l’écrivain mais dans le
dialecte de la catégorie littéraire. On peut également remarquer que l’écrit
dans la littérature dialectique était bien différent de la forme parlée. La
littérature dialectique utilisait : le Ionien, le Dorique, l’Akhaiki, par
exemple le Spartiate Tyrtaios écrivit les Elegies (les lamentations) dans le
dialecte Ionien.
La Koinè
Hellénistique
En grec la koinè hellénistique se nomme également
koinè Alexandrine ou encore koinè Attique. Elle est la résultante de la
supériorité politique et intellectuelle d’Athènes. Avec les conquêtes
d’Alexandre le Grand le monde grec s’était étendu jusqu’aux Indes, de ce
fait on assiste à une large diffusion du dialecte Attique d’abord parmi tous
les Grecs puis chez les autres peuples ce qui aura pour conséquence une
altération la langue. La morphologie de la langue change et se simplifie, on
assiste aussi à une évolution de la prononciation
Le iotacisme c'est-à-dire la prononciation
ι
(iota) de toute une série de voyelles et de diphtongues ayant une
prononciation différente dans l’antiquité est une des innovations à laquelle
on assiste.
Durant cette période hellénistique, on a aussi une
importation de nouveaux termes; hébreu avec la Bible et latin sous l’Empire
Romain "αμήν
- amen, αλληλούια-alléluia,
Πάσχα-Paque,
Σάββατον-Samedi,
δηνάριον-dinar,
πραιτώριον-prétoire
" etc..
Certains termes pour diverses raisons ont été
remplacés par d’autres qui se disent encore aujourd’hui
Le terme
ερυθρός
(rouge) est devenu
κόκκινος,
μέλας
(noir) - μαύρος
ainsi que de nombreux autres exemples
Comme on le
voit le dialecte attique est le noyau central de la koinè hellénistique,
cependant le Ionien qui est le second dialecte a contribué décisivement au
façonnement de la langue. L’étendue du monde ionien est témoignée par le
fait que les peuples orientaux appelèrent « Ioniens » l’ensemble des Grecs
et aujourd’hui en turc et dans la langue arabe Grec se dit Yiounan (Ionien)
Le dialecte dorique a fait preuve d’une forte
résistance face à la koinè comme en témoigne les dorismes des néo-dialectes
grecs.
Le caractère le plus spécifique du dorique est la
conservation du
α
à la place du Ionien-attique
η
Les atticistes
Les atticistes étaient ces écrivains qui voulaient
que la langue grecque obéisse à l’attique du V siècle avant JC. Ils ont
fortement influencé les lettrés non seulement des premiers siècles Chrétiens
mais aussi de l’époque Byzantine, ceci a eu pour conséquence une division
linguistique qui dura jusqu’à nos jours avec le fameux
γλωσσικό
ζήτημα
(La question de la langue)
La langue
grecque au Moyen Age (XII et XV siècle)
Durant la période du Moyen âge la langue grecque
utilise une forme écrite qui se rapproche assez de la langue parlée. Parmi
les œuvres littéraires de cette période ont peut trouver les poèmes
Ptokhoprodromiques
πτωχοπροδρομικά
de l’homme de lettres Byzantin Théodore Prodromos qui satirisent la
situation déplorable des lettrés ainsi que les idées de cette époque.
J’ai trouvé par hasard un poème dramatique de
Michael Glykas de l’année 1159 c'est-à-dire du XII siècle. Voici un extrait.
Il l'avait rédigé de la prison où il était détenu après une accusation
malveillante. Il est très instructif sur la situation de la langue grecque à
cette époque.
Ε πόνος ο ημερινός, ε
τσίκνα της εσπέρας
ε μεσονύκτου θάνατος, ε της αυγής καρβούνιν
Πόσα πανθάνω αγνοώ, πως εις Άδην ου φτάνω
πως ακόμα ψυχοκρατώ και πως ου παραδίδω
Και τούτο εις καταδίκην μου πάντως περισσοτέραν
Ε, ε ψυχή πολύπονε, πολυσυμφορωτάτη.
Voici ma
traduction
O douleur matinale, rancœur du soir
Nuit semblable à la mort, aurore de braises
Je meurs sans savoir comment je frapperai à la porte
d’Hadès (Royaume des morts chez Homère)
Comment pourrai-je contenir mon âme et comment ne
pas la rendre
Et ma condamnation est de toute façon ce qui
m’afflige le plus
O Ame du souffrant si malchanceuse.
La langue
grecque durant l’Empire Ottoman (du XV au XIX siècle)
Durant toute cette période, la morphologie de la
langue ne subit aucune transformation, cependant on assiste à un apport de
termes orientaux (turc, arabe ou persan) qui s’infiltrèrent dans le lexique
grec par le biais du turc. La plupart du temps, ces termes ont leur synonyme
en grec, comme le terme
μπογιατζής
(peintre) avec l’équivalent grec
βαφέας,
μπακάλης
(épicier) avec l’équivalent grec
παντοπώλης,
παπούτσι
(soulier) avec l’équivalent grec
υπόδημα.
Les exemples de ce genre sont multiples.
Dans l’autre sens en turc on a aussi une
infiltration de termes grecs. Cette question m’avait rappelée un ancien
sujet qu’on avait eu sur le forum Babel concernant le terme külüstür qui en
turc à le sens d’ancien de démodé. Pour ma part j’avais proposé le terme
κυλίνδησις
roulement, en me basant sur le verbe ancien
κυλινδώ.
Finalement d’après un dictionnaire étymologique turc il s’agissait d’un
rapport avec le terme grec
κυλίστρα
pente lisse, roulante.
Pour revenir au sujet de la langue grecque durant
l’Empire Ottoman, il est notable que les îles de la mer Ionienne ne subirent
pas l’influence de termes turcs dans le lexique mais pas contre de termes
Vénitiens.
partir du XVI
siècle avec Sophianos et plus tard avec Koraï et Katartzi la question de la
langue ressurgie.
Etant donné que l’écart entre la langue parlée et
celle des atticistes était désormais important, il est question par Koraï
d’une langue en partie archaïsante, la fameuse
καθαρεύουσα,
katharevoussa (langue pure) qui deviendra, la période suivante la langue
officielle de l’état grec reconstitué jusqu’à nos jours.
Maintenant je vais passer au thème des
néo-dialectes grecs
La koinè alexandrine après avoir limité puis éteint
les anciens dialectes va à son tour subir une série de divisions. Ainsi se
sont formés des différenciations géographiques.
Le Tsakonien, le Pondiaque, Le grec du sud de
l’Italie (gécanika) sont des dialectes incompréhensibles pour l’hellénophone
qui n’est pas de la région. Le Crétois, le Chypriote sont des formes
linguistiques qui avec un effort tous les hellénophones comprennent. Les
autres différenciations linguistiques sont très faibles par rapport à la
koinè et sont compréhensibles par l’ensemble des hellénophones.
Le dialecte
Pondiaque
Le dialecte du Pondiaque se parlait dans la région
du Pont-Euxin jusqu’en 1922. Il est issu de la koinè et a reçu les
influences des langues des régions avoisinantes. Sa prononciation est
archaïsante mais on y trouve des particularités dans sa syntaxe dont
certaines proviennent de l’influence du turc. (La communauté Pondiaque qui
vit aujourd’hui en Grèce est importante et son dialecte est toujours très
vivant)
Le dialecte Crétois
Le dialecte crétois avait toutes les qualités
requises pour se développer en organe central de la langue grecque mais le
déroulement de l’histoire ne fut pas favorable aussi il n’est resté que
dialecte. Cependant comme il s’agit du plus ancien, pour tous ceux qui
étudient de près l’histoire de la langue grecque, il joue un rôle important
à cause ses archaïsmes.
Le dialecte Crétois est également parlé en Syrie,
spécifiquement dans le village de Khamibié ainsi que par des musulmans
Crétois installés sur les côtes de l’Asie Mineure en 1923
Le dialecte
Chypriote
Le dialecte Chypriote est considéré de nos jours
comme seul véritable dialecte grec vivant. Il est parlé par les habitants de
l’île. La forme actuelle du dialecte Chypriote a pratiquement gardé la même
morphologie qu’au XIV et XV siècle. La littérature dialectale continue à
être riche.
Les idiomes du Péloponnèse et des îles de la mer
Ionienne.
Dans le Péloponnèse excepté les régions de Mani et
de Tsakoni les différences linguistiques sont faibles avec la koinè.
L’expression du langage oral dans les îles de la mer
Ionienne est caractérisée par des formes mélodieuses et de nombreux emprunts
à l’italien.
Les idiomes
des îles du sud de l’Egée
Les idiomes du sud de l’Egée ressemblent assez au
Chypriote dans les îles du Dodécanèse tandis que dans les îles des Cyclades
l’idiome est apparenté au Crétois
Les idiomes du Nord
A partir du golfe de Corinthe jusqu’aux frontières
du nord du pays ainsi que dans les îles du nord de l’Egée et quelques autres
la langue présente des particularités au niveau des voyelles, c'est-à-dire
le retentissement du
ο
non accentué en
ου
au lieu de dire
ξέρω-
xèrô (je sais) ils disent
ξέρου-
xèrou, il existe également un retentissement du
ε
en ι
au
lieu de dire
παιδί
pèdi (enfant) ils disent
πιδί-
pidi
L’idiome de
Constantinople
La ville de Constantinople fut dans le passé un
grand centre de l’hellénisme. Malgré le fait que la classe de la haute
bourgeoisie utilisait le langage puriste, il existait une forte tendance en
faveur du démotique. Le constantinopolitain que parlait le simple peuple
comprenait des éléments des dialectes du nord et du sud. quelques influences
turques et des langues occidentales en particulier le français et l’italien.
Les principales caractéristiques de l’idiome
constantinopolitain sont :
Certains termes ont une signification différente de
celle du grec démotique (moderne).
On retrouve des termes comme
τζιέρι
(tzièri) au lieu de
συκώτι
(sykôti)
pour foie,
καρακόλι
(karakoli) au lieu de
αστυνομικό
τμήμα
(astynomiko Tmêma) bureau de police etc.…..
L’influence
du grec sur les autres langues
Dès l’antiquité la langue grecque influença les
langues voisines comme l’araméen, le syrien. L’influence du grec sur ces
langues devint plus intense durant les siècles post-chrétiens. Avec les
conquêtes d’Alexandre le grand la langue grecque s’étendit jusqu’aux confins
de l’orient puisque elle était la langue de son administration.
L’influence de la langue grecque sur le latin débuta
avec les colonies grecques du sud de l’Italie que l’on appela aussi Grande
Grèce, elle continua dans la période classique et se trouva à son apogée le
II siècle après JC.
Le point essentiel est que le lexique grec que le
latin reçu il le transmettra tout d’abord comme la résultante de la
civilisation gréco-romaine et par la suite de la civilisation chrétienne à
toutes les nouvelles langues latines et par conséquent toutes les langues
européennes auront directement ou indirectement des emprunts au grec.
Par exemple
le terme
πρεσβύτερος
(pesbytéros) est transmis en latin sous la forme de presbyter qui donnera
par la suite : prete en italien, prêtre en français, Priester en allemand et
priest en anglais.
La langue grecque n’a pas simplement donné des
termes au latin mais également des particules qui sont à la base de termes
internationaux comme auto qui généra les termes (autodidacte, autonomie,
autocritique, autocéphale etc.….) pareillement avec la particule télé qui
généra (télescope, téléphone, télécratie etc….) les exemples de ce genre
affluent.
Le mot télécratie qui signifie le pouvoir de la
télévision est un terme qui n’existe pas en grec, cependant il s’agit d’un
néologisme formé à partir de racines grecques. Il existe des tas de mots en
français qui se trouvent dans ce cas.
L’avantage du grec est le fait que cette langue
s’offre à la création de néologismes. Aussi les sciences ont énormément
utilisé ces racines grecques pour la création de nouveaux termes, des mots
comme téléphone, cardiogramme etc… qui n’existaient pas dans l’antiquité.
Influence du
grec sur les langues slaves et autre langues balkaniques
Dans tout le territoire des Balkans le grec a joué
de son influence. Déjà au IX siècle lorsque les Slaves devinrent chrétiens,
les Evangiles et autres livres Saints furent traduits à partir du grec dans
leur langue. Cette influence continua durant la période byzantine. Elle est
également visible à travers les autres langues balkaniques comme l’albanais,
le roumain, et même le turc où les termes d’origines grecques sont plus
fréquents que ce que l’on pense
Arrivant au terme de cette conférence, je pense
qu’il faut voir la langue grecque dans son ensemble avec toutes ses
variantes et c’est la raison pour laquelle j’ai tant insisté sur les
dialectes.
Quant au grec que nous parlons aujourd’hui, il ne
s’agit certainement pas d’une nouvelle langue issue de l’ancienne mais de la
forme nouvelle d’une langue qui n’est pas morte et cette langue c’est tout
simplement le grec.
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