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    POINTS ESSENTIELS DE LA CONFERENCE SUR L’EVOLUTION DU GREC

(Voici les points essentiels de ma conférence sur l’évolution de la langue grecque du 13/12/06 Salle Parnassos à Athènes avec l'appui du Professeur et Académicien Evanguelos Moutsopoulos)

       

Lors de cette conférence sur l’évolution de la langue grecque, voir ici le texte original grec, après l’introduction, j'avais tout d'abord  abordé le thème  des écritures linaires A et B avant de m'étaler sur les autres sujets.  tels que les dialectes anciens, la koiné alexandrine, les dialectes néo-grecs qui en sont issus etc.. en me basant sur certains documents concernant l’histoire de la langue grecque provenant du ΕΛΙΑ qui est le Centre d’Archives Historiques du pays et d’autres sources tout aussi importantes qui m’ont servi de support.


 

Les écritures linéaires

En ce qui concerne l’écriture grecque, selon certains indices, il semblerait que le linaire B soit une évolution du linéaire A. L’adaptation du linaire A vers le linaire B se serait produite au XV siècle avant JC par des habitants de Cnossos.

Le linaire B aurait été ensuite transférée en Grèce Continentale comme cela est attesté par des plaquettes retrouvées après la destruction du Palais de Cnossos au XIV siècle avant JC.
Durant plusieurs siècles, écritures linaires et système alphabétique ont coexisté, ce n’est qu’à partir du XIII siècle avant JC que l’alphabet est définitivement adopté pour l’écriture du grec. Le système alphabétique aura des répercutions cosmo historique pour l’évolution de langue et influencera plus tard l’ensemble des alphabets européens.
Au XVIII siècle avant JC la langue grecque comporte une grande variété de dialectes. Le premier alphabet grec a quelques différenciations selon les dialectes régionaux. Il comportait des lettres qui ont disparu  plus tard comme le digamma qui correspond au F de l’alphabet latin et devait se prononçait VE.

Lorsqu’au départ les Grecs utilisèrent l’alphabet, ils adoptèrent différentes directions d’écriture (il a été retrouvé des écritures dans n'importe quel ordre). Cependant dans les textes plus approfondis l’écriture ressemblait au labourage d’un bœuf qui arrivant au bout du champ fait demi-tour pour ouvrir le prochain sillon. C’est la raison pour laquelle cette écriture fut nommée boustrophédon.

L’écriture alphabétique grecque était au départ uniquement en caractères majuscules et sans accents
ni esprits.


Durant les premiers siècles Chrétiens où le désir des écrivains d’écrire plus vite ainsi que le besoin de contenir plus d’informations ont entraîné peu à peu à la formation de lettres qui aujourd’hui nous nommons minuscules. Cette transformation de l’écriture en majuscules vers une écriture en minuscules était achevée au IX siècle.

 

Dialecte arcado-chypriote

Dans la famille des dialectes anciens, il existe la branche arcado-chypriote que l’on nomme aussi Notia Akhaïki. Ce dialecte était parlé en Arcadie et à Chypre malgré la grande distance qui sépare ces deux régions. On y retrouve beaucoup de similitude avec le grec Minoen tel qu’on le connaît d’après les plaquettes de linéaire B ce qui conduit à la conclusion que ce dialecte est descendant direct.
Pausanias dans Tour de Grèce VIII 2 rapporte qu’après la destruction de Troie, les Arcadiens débarquèrent à Chypre et fondèrent la ville de Papho. La colonisation de Chypre a dû avoir lieu avant le XI siècle avant JC.
Par la suite à cause de l’effondrement du monde Mycénien provoquée des catastrophes successives dû à des séismes de grande envergure, les communications furent coupées et le Chypriote évolua séparément de l’arcadien.

Parmi les caractéristiques de l’arcado-chypriote on a la conservation du F (digamma), la terminaison du participe en
μινος au lieu de l’Attique μένος. La préposition πος à la place de l’Attique προς et bien d’autres

 

Dialecte Aiolien

Le dialecte Aiolien se parlait dans les régions de Thessalie, de Béotie, de Lesbos. et sur la côte d’Asie Mineure. Etant donné qu’il n’y avait pas d’état Aiolien uni. il n’y avait unité ni culturelle, ni linguistique

Les dialectes du Nord-ouest

Les dialectes du Nord-ouuest se parlaient en Epire, en Acarnanie, A Phocida. Dans ce groupe on compte aussi l’héliaki au nord-ouest du Péloponnèse. Il s’agit d’un dialecte entre le dorique et ceux du nord-ouest.

Ce groupe dialectique a quelques caractéristiques avec le dorien comme le maintien du digamma F, le
α ils disent αμεράν au lieu de l’Attique ημερών. Spécialement les Phocidiens ont des terminaisons en εν au lieuειν et d’autres caractéristiques.
Voici plutôt une phrase inscrite à Delphes
Τον (Vinon) Fοίνον μέ φάρεν ές τού δρόμου
Ne pas retirer le vin du Stade.
En grec Attique, on dirait
Ο οίνος να μην αφαιρείτε από το στάδιο

 

Dialecte Dorien

Le dialecte dorien était parlé dans le Péloponnèse dans les régions de (Laconie, Messénie, Argolide, Corinthe, Akhaia) à Mégara, en Crète, à Milos, Thyra (Santorin), Kos, Rhodes, dans les îles du Sud-est de l’Egée et sur la cote d’Asie Mineure, dans les colonies doriennes du sud de l’Italie, en Sicile, dans les îles de la mer Ionienne et au Bosphore.
Une des principales caractéristiques du dorien sont les archaïsmes c'est-à-dire la conservation de formes qui avaient disparu du dialecte Attique.
On voit par exemple la conservation du F (digamma) on rencontrera le terme F
οίκος au lieu de οίκος (maison). Cependant dans les textes littéraires doriques dès la période hellénistique on voit la suppression de cette lettre.
Parmi les autres caractéristiques on a l’ajout du
κ à l’aoriste et au futur des verbes qui se terminent enίζω ou άζω et bien d’autres
Aujourd’hui le dialecte Tsokonien qui appartient à la zone dorique se parle encore dans quelques villages d’Arcadie et d’Argolide que l’on appelle Tskonokhoria, il s’agit d’un dialecte qui est en danger de disparition.

 

Dialecte Macédonien

Déjà Esiode dans l’antiquité disait que les Macédoniens étaient frères de Magnete (il existe une région que l’on nomme Magnésie en grec
Μαγνησία (Magnésia) et qui se trouve au sud-est de la Thessalie) alors qu’Hérodote identifiait les Macédoniens aux Doriens par la citation “Δωρικών τε και Μακεδνός έθνος
Le siècle passé il y avait eu un certain nombre de discussions pas toujours basées sur des preuves scientifiques disant le macédonien antique était une langue différente du grec. Ce doute était soutenu par le manque de matériel dialectique. Les épigraphies macédoniennes étaient toutes gravées en dialecte attique. Les recherches archéologiques en Macédoine de ces dernières années ont mis en évidence des textes dialectiques dont le plus complet est celui du (Katadesmos tis Pellas)




il s’agit d’un texte d’anathème et magie rédigé par une femme ayant un faible niveau intellectuel. Ce qui est important dans ce texte datant du IV siècle avant JC comme cela est attesté par les chercheurs d’Oxford est que le dialecte utilisé prouve que le Macédonien antique était bien un dialecte grec.


Voici le texte du Katadesmos tis Pellas (La cathare de Pella)


1.
[ΘΕΤΙ]ΜΑΣ ΚΑΙ ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΟΣ ΤΟ ΤΕΛΟΣ ΚΑΙ ΤΟΝ ΓΑΜΟΝ ΚΑΤΑΓΡΑΦΩ ΚΑΙ ΤΑΝ ΑΛΛΑΝ ΠΑΣΑΝ ΓΥ
2. [ΝΑΙΚ]ΩΝ ΚΑΙ ΧΗΡΑΝ ΚΑΙ ΠΑΡΘΕΝΩΝ ΜΑΛΙΣΤΑ ΔΕ ΘΕΤΙΜΑΣ ΚΑΙ ΠΑΡΚΑΤΤΙΘΕΜΑΙ ΜΑΚΡΩΝΙ ΚΑΙ
3. [ΤΟΙΣ] ΔΑΙΜΟΣΙ ΚΑΙ ΟΠΟΚΑ ΕΓΟ ΤΑΥΤΑ ΔΙΕΛΕΞΑΙΜΙ ΚΑΙ ΑΝΑΓΝΟΙΗΝ ΠΑΛLΙΝ ΑΝΟΡΟΞΑΣΑ
4. [ΤΟΚΑ] ΓΑΜΑΙ ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΑ ΠΡΟΤΕΡΟΝ ΔΕ ΜΗ ΜΗ ΓΑΡ ΛΑΒΟΙ ΑΛΛΑΝ ΓΥΝΑΙΚΑ ΑΛΛ Η ΕΜΕ
5. [ΕΜΕ Δ]Ε ΣΥΝΚΑΤΑΓΗΡΑΣΑΙ ΔΙΟΝΥΣΟΦΩΝΤΙ ΚΑΙ ΜΗΔΕΜΙΑΝ ΑΛΛΑΝ ΙΚΕΤΙΣ ΥΜΩΝ ΓΙΝΟ
6. [ΜΑΙ ΦΙΛ]ΑΝ ΟΙΚΤΙΡΕΤΕ ΔΑΙΜΟΝΕΣ ΦΙΛ[Ο]Ι ΔΑΓΙΝΑΓΑΡΙΜΕ ΦΙΛΩΝ ΠΑΝΤΩΝ ΚΑΙ ΕΡΗΜΑ ΑΛΛΑ
7. [....]Α ΦΥΛΑΣΣΕΤΕ ΕΜΙΝ Ο[Π]ΩΣ ΜΗ ΓΙΝΕΤΑΙ ΤΑ[Υ]ΤΑ ΚΑΙ ΚΑΚΑ ΚΑΚΩΣ ΘΕΤΙΜΑ ΑΠΟΛΗΤΑΙ
8. [....]ΑΛ[-].ΥΝΜ .. ΕΣΠΛΗΝ ΕΜΟΣ ΕΜΕ ΔΕ [Ε]Υ[Δ]ΑΙΜΟΝΑ ΚΑΙ ΜΑΚΑΡΙΑΝ ΓΕΝΕΣΤΑΙ
9.
[-]ΤΟ[.].[-].[..]..Ε.Ε.Ω[?]Α.[.]Ε..ΜΕΓΕ [-]

Sa transcription en grec moderne

1.
Για τον γάμο της [Θετί]μας και του Διονυσοφώντα γράφω την κατάρα, και για όλες τις άλλες γυ
2. [ναίκ]ες, χήρες και παρθένες, άλλα για την Θετίμα περισσότερο, και αναθέτω στον Μάκρωνα και
3. [τους] δαίμονες ότι μόνον όταν ξεθάψω και ξετυλίξω και ξαναδιαβάσω
4. [τότε] τότε να παντρευτούν τον Διονυσοφώντα και όχι πριν και είθε να μην παντρευτεί άλλη γυναίκα, παρά μόνον εμένα
5. και είθε να γεράσω με τον Διονυσοφώντα και κανέναν άλλο. Ικέτιδά σου είμαι:
6. δείξτε ευσπλαχνία στην [ευνοούμενή] σας, αγαπημένοι δαίμονες, την Δαγίνα (), γιατί με εγκατέλειψαν όλοι οι αγαπημένοι μου
7. παρακαλώ φυλάξτε με αυτά να μη συμβούν και με τρόπο κακό να χαθεί η Θετίμα
8. και σε μένα δώστε ευδαιμονία και μακαριότητα.

 

Voici la traduction en français que j'ai effectué sur cet anathème

1. C'est au sujet du mariage de Thétima et de Dionysophondas que j’écris cet anathème ainsi que contre toutes les autres

2. femmes, veuves et chastes filles mais plus particulièrement contre Thétima, j’attribue à Makrona et
3. à tous les démons que seulement lorsque j’aurai déterré, déroulé et relu
4. alors qu’ils marient Dionysophondas mais pas avant que la femme qu’il épousera soit moi.
5. Qu’il en soit ainsi ! Que je vieillisse avec Dionysophondas et avec personne d’autre, je suis celle qui te supplie
6. donnez-moi votre bienfaisance mes chers démons, la (Dagina) parce que mes bien-aimés m’ont abandonné.
7. Je vous supplie de me protéger et que cela ne se déroule jamais et que Thétima périsse d’une mauvaise mort
8.
Quant à moi donnez-moi béatitude et ravissement

 

Dialecte Ionien

Le dialecte Ionien se parlait à Eubée, dans les Cyclades et sur la côte centrale d’Asie Mineure. Le dialecte Ionien a très tôt été influencé par le dialecte attique. A partir du V siècle avant JC ont voit l’apparition d’éléments attique dans le ionien et à partir du IV siècle avant JC les épigraphies des régions ioniennes sont en dialecte attique


Dialecte Attique

Le dialecte attique est celui qui évoluera pour devenir finalement l’organe central de la langue grecque. Il s’est lié étroitement avec le ionien aussi certains pensent que pendant la période mycénienne ces deux dialectes devaient appartenir à la même branche dialectique qui se serait scindée plus tard.
A la fin du VI siècle avant JC Athènes se dote d’un régime démocratique après les guerres avec les Perses et même temps se trouve en plein épanouissement dans le domaine des arts et des lettres aussi le dialecte attique va s’étendre dans les autres régions hellénophones. Au V siècle avant JC le dialecte attique devient le dialecte officiel en Macédoine où on y parlait un dialecte apparenté au dorien et au thessalien. Ce dernier évènement jouera un rôle décisif pour la prédominance de l’attique comme on le verra plus tard avec les conquêtes d’Alexandre le Grand

 

Littérature dialectique

Avant de passer à la koinè attique, je parlerai brièvement de la littérature dialectique car c’est un sujet immense qui mérite à lui seul une autre conférence.
Comme on vient de le voir, la langue grecque possédait une grande variété de dialectes et ne s’écrivait pas dans une seule langue unifiée, même pas dans le dialecte de l’écrivain mais dans le dialecte de la catégorie littéraire. On peut également remarquer que l’écrit dans la littérature dialectique était bien différent de la forme parlée. La littérature dialectique utilisait : le Ionien, le Dorique, l’Akhaiki, par exemple le Spartiate Tyrtaios écrivit les Elegies (les lamentations) dans le dialecte Ionien.

 

La Koinè Hellénistique

En grec la koinè hellénistique se nomme également koinè Alexandrine ou encore koinè Attique. Elle est la résultante de la supériorité politique et intellectuelle d’Athènes. Avec les conquêtes d’Alexandre le Grand le monde grec s’était étendu jusqu’aux Indes, de ce fait on assiste à une large diffusion du dialecte Attique d’abord parmi tous les Grecs puis chez les autres peuples ce qui aura pour conséquence une altération la langue. La morphologie de la langue change et se simplifie, on assiste aussi à une évolution de la prononciation
Le iotacisme c'est-à-dire la prononciation
ι (iota) de toute une série de voyelles et de diphtongues ayant une prononciation différente dans l’antiquité est une des innovations à laquelle on assiste.

Durant cette période hellénistique, on a aussi une importation de nouveaux termes; hébreu avec la Bible et latin sous l’Empire Romain "
αμήν - amen, αλληλούια-alléluia, Πάσχα-Paque, Σάββατον-Samedi, δηνάριον-dinar, πραιτώριον-prétoire " etc..
Certains termes pour diverses raisons ont été remplacés par d’autres qui se disent encore aujourd’hui
Le terme
ερυθρός (rouge) est devenu κόκκινος, μέλας (noir) - μαύρος ainsi que de nombreux autres exemples

 

Comme on le voit le dialecte attique est le noyau central de la koinè hellénistique, cependant le Ionien qui est le second dialecte a contribué décisivement au façonnement de la langue. L’étendue du monde ionien est témoignée par le fait que les peuples orientaux appelèrent « Ioniens » l’ensemble des Grecs et aujourd’hui en turc et dans la langue arabe Grec se dit Yiounan (Ionien)
Le dialecte dorique a fait preuve d’une forte résistance face à la koinè comme en témoigne les dorismes des néo-dialectes grecs.
Le caractère le plus spécifique du dorique est la conservation du
α à la place du Ionien-attique η


Les atticistes

Les atticistes étaient ces écrivains qui voulaient que la langue grecque obéisse à l’attique du V siècle avant JC. Ils ont fortement influencé les lettrés non seulement des premiers siècles Chrétiens mais aussi de l’époque Byzantine, ceci a eu pour conséquence une division linguistique qui dura jusqu’à nos jours avec le fameux
γλωσσικό ζήτημα (La question de la langue)

 

La langue grecque au Moyen Age (XII et XV siècle)

Durant la période du Moyen âge la langue grecque utilise une forme écrite qui se rapproche assez de la langue parlée. Parmi les œuvres littéraires de cette période ont peut trouver les poèmes Ptokhoprodromiques
πτωχοπροδρομικά de l’homme de lettres Byzantin Théodore Prodromos qui satirisent la situation déplorable des lettrés ainsi que les idées de cette époque.

J’ai trouvé par hasard un poème dramatique de Michael Glykas de l’année 1159 c'est-à-dire du XII siècle. Voici un extrait. Il l'avait rédigé de la prison où il était détenu après une accusation malveillante. Il est très instructif sur la situation de la langue grecque à cette époque.


Ε πόνος ο ημερινός, ε τσίκνα της εσπέρας
ε μεσονύκτου θάνατος, ε της αυγής καρβούνιν
Πόσα πανθάνω αγνοώ, πως εις Άδην ου φτάνω
πως ακόμα ψυχοκρατώ και πως ου παραδίδω
Και τούτο εις καταδίκην μου πάντως περισσοτέραν
Ε, ε ψυχή πολύπονε, πολυσυμφορωτάτη.


Voici ma traduction

O douleur matinale, rancœur du soir
Nuit semblable à la mort, aurore de braises
Je meurs sans savoir comment je frapperai à la porte d’Hadès (Royaume des morts chez Homère)
Comment pourrai-je contenir mon âme et comment ne pas la rendre
Et ma condamnation est de toute façon ce qui m’afflige le plus
O Ame du souffrant si malchanceuse.

 

La langue grecque durant l’Empire Ottoman (du XV au XIX siècle)

Durant toute cette période, la morphologie de la langue ne subit aucune transformation, cependant on assiste à un apport de termes orientaux (turc, arabe ou persan) qui s’infiltrèrent dans le lexique grec par le biais du turc. La plupart du temps, ces termes ont leur synonyme en grec, comme le terme
μπογιατζής (peintre) avec l’équivalent grec βαφέας, μπακάλης (épicier) avec l’équivalent grec παντοπώλης, παπούτσι (soulier) avec l’équivalent grec υπόδημα. Les exemples de ce genre sont multiples.

Dans l’autre sens en turc on a aussi une infiltration de termes grecs. Cette question m’avait rappelée un ancien sujet qu’on avait eu sur le forum Babel concernant le terme külüstür qui en turc à le sens d’ancien de démodé. Pour ma part j’avais proposé le terme
κυλίνδησις roulement, en me basant sur le verbe ancien κυλινδώ. Finalement d’après un dictionnaire étymologique turc il s’agissait d’un rapport avec le terme grec κυλίστρα pente lisse, roulante.

Pour revenir au sujet de la langue grecque durant l’Empire Ottoman, il est notable que les îles de la mer Ionienne ne subirent pas l’influence de termes turcs dans le lexique mais pas contre de termes Vénitiens.

 

partir du XVI siècle avec Sophianos et plus tard avec Koraï et Katartzi la question de la langue ressurgie.
Etant donné que l’écart entre la langue parlée et celle des atticistes était désormais important, il est question par Koraï d’une langue en partie archaïsante, la fameuse
καθαρεύουσα, katharevoussa (langue pure) qui deviendra, la période suivante la langue officielle de l’état grec reconstitué jusqu’à nos jours.


Maintenant je vais passer au thème des néo-dialectes grecs

La koinè alexandrine après avoir limité puis éteint les anciens dialectes va à son tour subir une série de divisions. Ainsi se sont formés des différenciations géographiques.

Le Tsakonien, le Pondiaque, Le grec du sud de l’Italie (gécanika) sont des dialectes incompréhensibles pour l’hellénophone qui n’est pas de la région. Le Crétois, le Chypriote sont des formes linguistiques qui avec un effort tous les hellénophones comprennent. Les autres différenciations linguistiques sont très faibles par rapport à la koinè et sont compréhensibles par l’ensemble des hellénophones.

 

Le dialecte Pondiaque

Le dialecte du Pondiaque se parlait dans la région du Pont-Euxin jusqu’en 1922. Il est issu de la koinè et a reçu les influences des langues des régions avoisinantes. Sa prononciation est archaïsante mais on y trouve des particularités dans sa syntaxe dont certaines proviennent de l’influence du turc. (La communauté Pondiaque qui vit aujourd’hui en Grèce est importante et son dialecte est toujours très vivant)


Le dialecte Crétois

Le dialecte crétois avait toutes les qualités requises pour se développer en organe central de la langue grecque mais le déroulement de l’histoire ne fut pas favorable aussi il n’est resté que dialecte. Cependant comme il s’agit du plus ancien, pour tous ceux qui étudient de près l’histoire de la langue grecque, il joue un rôle important à cause ses archaïsmes.
Le dialecte Crétois est également parlé en Syrie, spécifiquement dans le village de Khamibié ainsi que par des musulmans Crétois installés sur les côtes de l’Asie Mineure en 1923

 

Le dialecte Chypriote

Le dialecte Chypriote est considéré de nos jours comme seul véritable dialecte grec vivant. Il est parlé par les habitants de l’île. La forme actuelle du dialecte Chypriote a pratiquement gardé la même morphologie qu’au XIV et XV siècle. La littérature dialectale continue à être riche.


Les idiomes du Péloponnèse et des îles de la mer Ionienne.

Dans le Péloponnèse excepté les régions de Mani et de Tsakoni les différences linguistiques sont faibles avec la koinè.
L’expression du langage oral dans les îles de la mer Ionienne est caractérisée par des formes mélodieuses et de nombreux emprunts à l’italien.

 

Les idiomes des îles du sud de l’Egée

Les idiomes du sud de l’Egée ressemblent assez au Chypriote dans les îles du Dodécanèse tandis que dans les îles des Cyclades l’idiome est apparenté au Crétois


Les idiomes du Nord

A partir du golfe de Corinthe jusqu’aux frontières du nord du pays ainsi que dans les îles du nord de l’Egée et quelques autres la langue présente des particularités au niveau des voyelles, c'est-à-dire le retentissement du
ο non accentué en ου au lieu de dire ξέρω- xèrô (je sais) ils disent ξέρου- xèrou, il existe également un retentissement du ε en ι au lieu de dire παιδί pèdi (enfant) ils disent πιδί- pidi

 

L’idiome de Constantinople

La ville de Constantinople fut dans le passé un grand centre de l’hellénisme. Malgré le fait que la classe de la haute bourgeoisie utilisait le langage puriste, il existait une forte tendance en faveur du démotique. Le constantinopolitain que parlait le simple peuple comprenait des éléments des dialectes du nord et du sud. quelques influences turques et des langues occidentales en particulier le français et l’italien.

Les principales caractéristiques de l’idiome constantinopolitain sont :

Certains termes ont une signification différente de celle du grec démotique (moderne).
On retrouve des termes comme
τζιέρι (tzièri) au lieu de συκώτι (sykôti) pour foie, καρακόλι (karakoli) au lieu de αστυνομικό τμήμα (astynomiko Tmêma) bureau de police etc.…..

 

L’influence du grec sur les autres langues

Dès l’antiquité la langue grecque influença les langues voisines comme l’araméen, le syrien. L’influence du grec sur ces langues devint plus intense durant les siècles post-chrétiens. Avec les conquêtes d’Alexandre le grand la langue grecque s’étendit jusqu’aux confins de l’orient puisque elle était la langue de son administration.

L’influence de la langue grecque sur le latin débuta avec les colonies grecques du sud de l’Italie que l’on appela aussi Grande Grèce, elle continua dans la période classique et se trouva à son apogée le II siècle après JC.
Le point essentiel est que le lexique grec que le latin reçu il le transmettra tout d’abord comme la résultante de la civilisation gréco-romaine et par la suite de la civilisation chrétienne à toutes les nouvelles langues latines et par conséquent toutes les langues européennes auront directement ou indirectement des emprunts au grec.

 

Par exemple le terme πρεσβύτερος (pesbytéros) est transmis en latin sous la forme de presbyter qui donnera par la suite : prete en italien, prêtre en français, Priester en allemand et priest en anglais.
La langue grecque n’a pas simplement donné des termes au latin mais également des particules qui sont à la base de termes internationaux comme auto qui généra les termes (autodidacte, autonomie, autocritique, autocéphale etc.….) pareillement avec la particule télé qui généra (télescope, téléphone, télécratie etc….) les exemples de ce genre affluent.
Le mot télécratie qui signifie le pouvoir de la télévision est un terme qui n’existe pas en grec, cependant il s’agit d’un néologisme formé à partir de racines grecques. Il existe des tas de mots en français qui se trouvent dans ce cas.
L’avantage du grec est le fait que cette langue s’offre à la création de néologismes. Aussi les sciences ont énormément utilisé ces racines grecques pour la création de nouveaux termes, des mots comme téléphone, cardiogramme etc… qui n’existaient pas dans l’antiquité.

 

Influence du grec sur les langues slaves et autre langues balkaniques

Dans tout le territoire des Balkans le grec a joué de son influence. Déjà au IX siècle lorsque les Slaves devinrent chrétiens, les Evangiles et autres livres Saints furent traduits à partir du grec dans leur langue. Cette influence continua durant la période byzantine. Elle est également visible à travers les autres langues balkaniques comme l’albanais, le roumain, et même le turc où les termes d’origines grecques sont plus fréquents que ce que l’on pense

Arrivant au terme de cette conférence, je pense qu’il faut voir la langue grecque dans son ensemble avec toutes ses variantes et c’est la raison pour laquelle j’ai tant insisté sur les dialectes.

Quant au grec que nous parlons aujourd’hui, il ne s’agit certainement pas d’une nouvelle langue issue de l’ancienne mais de la forme nouvelle d’une langue qui n’est pas morte et cette langue c’est tout simplement le grec.


 

 

 






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